Politique et sentiments
- Siana Reynolds
- 30 avr. 2017
- 2 min de lecture

Aujourd'hui, et pour beaucoup, cette journée du 24 avril s'est apparentée à une gueule de bois électorale. Finie la frivolité militante de ces dernières semaines ! Envolée la douce espérance qu'un monde nouveau est possible ! A cela s'y substitue le mal de crâne néocapitaliste qui on le sait, n'est pas près de passer.
A cela s'y ajoute la nausée fasciste, qui, même si l'on se doutait qu'elle allait nous laisser un goût amer, nous écœure tout de même un peu. Nous les jeunes, vieux, insoumis, révoltés ou tout simplement fatigués de ce système qui chaque jour éreinte un peu plus les précaires, muselle un peu plus les classes moyennes, ostracise un peu plus les minorités, stigmatise un peu plus les oubliés de la société. Nous qui agissons tous un peu, à notre manière, dans nos vies quotidiennes pour créer du lien, sensibiliser, protéger ceux qui ne peuvent pas le faire seuls. Nous qui nous battons pour une justice sociale et environnementale, pour une consommation plus raisonnée et une économie humanisée. Notre investissement politique, il est quotidien, que nous en ayons conscience ou non.
Tous les jours nous tentons d'injecter nos valeurs dans un système qui lui s'évertue, tous les jours un peu plus, à nous faire taire, à nous endormir, à nous faire croire que nous n'avons pas d'autre choix. Tous les jours nous mettons du cœur à l'ouvrage, du sentiment dans la politique. Cette élection nous nous doutions bien qu'elle ne changerait pas le monde, que la route était encore longue. Oui, mais... Nous avions espoir.
Espoir que notre investissement citoyen se verrait un peu plus. Espoir que les magouilles politicardes scandaleuses seraient davantage pénalisées dans les urnes. Espoir que les griffes du capital et de la course au profit soient un peu moins impitoyables. Espoir que la solution du repli sur soi ne reste qu'un lointain écueil à éviter. C'est qu'on y avait mis nos tripes, nous, bougres que nous sommes... On y avait mis nos tripes mais pourtant, est-ce bien raisonnable ? Qu'apportent aux débats nos débordements passionnés ? Qu'apportent à la construction nos emportements déraisonnés ?
Dans la dernière ligne droite, ou même après l'annonce des résultats, j'en ai vu des gens, de tous bords, se déchirer, s'invectiver plus que de raison. Quand l'intime conviction se transforme en agressivité, on peut se questionner de l'impact que ça a. Alors oui, c'est humain, on y met nos tripes, c'est aussi ça notre moteur, mais à quoi bon si l'on finit vert de rage et de déception, renvoyant à qui veut bien nous entendre / lire l'image d'un mauvais perdant ?
Loin de moi l'idée de lancer la pierre à vous, à nous tous qui nous laissons parfois emporter, mais aujourd'hui je me rends compte que plus que jamais, notre politique, la vraie, doit être quotidienne et raisonnée. Impulsée par nos sentiments mais non régie par eux. Cessons de tomber dans le piège de la politique à emporter que l'on nous sert tous les cinq ans. Ne perdons pas espoir, relevons la tête et continuons à insuffler chaque jour un peu de ce sentiment dans nos actes quotidiens. Car c'est seulement lorsque le dépit nous empêchera d'agir que nous perdrons réellement.
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