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« C’EST UN OUTIL POLITIQUE, UN OUTIL D’ÉDUCATION POPULAIRE »

  • Matthieu
  • 5 déc. 2016
  • 4 min de lecture

Entretien avec Gilles PERRET réalisateur du film documentaire « La Sociale ». Il nous raconte pourquoi il a fait ce film et son actualité politique.

Cet entretien téléphonique a été réalisé par des températures extrêmes (1°C) sur le rebord d’une fenêtre avec un réseau mobile des plus faible.

Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce film sur la sécurité sociale ?

J'avais fait un film avant qui s’appelle « Les jours Heureux » qui était consacré au conseil national de la résistance [CNR] et au programme politique. Ce film a beaucoup circulé partout en France. On a fait 500 soirées débats à peu près. Je me suis rendu compte que finalement la mesure phare du CNR, qui était la Sécurité Sociale, il n'y a pas grand monde qui connaissait son histoire. Du coup j'ai eu envie de faire un film entier consacré à ça.

Je me disais que ce serait facile à faire parce que c'est un sujet qui nous concerne tous, de la vie jusqu'à la mort (allocation familiale, santé, retraite). Finalement ça été un peu difficile à mettre en place et à financer. On a lancé une souscription. On a mis deux ans pour faire ce film. Il y a un gros travail de préparation, d'écriture, de repérage pour comprendre ce qu'elle [la Sécurité Sociale] représente et comment elle fonctionne. Et on est content d'être arrivé au bout.

Vous nous disiez que le film avait été difficile à financer et que vous aviez du lancer une souscription. Ça a plutôt bien marché ?

Oui, il y a pas mal de gens qui ont compris l'intérêt de faire un film sur ce sujet là. La souscription nous a permis de démarrer le film et après on est allé chercher les partenaires institutionnels, comme les syndicats, les comités d'entreprise.

Pourquoi faire ce film maintenant ? C'est la fin du film les jours heureux ou il y a eu une autre dynamique ?

Non, c'est un peu le hasard. Mais ça colle plutôt bien à l'actualité du moment avec la période électorale. C'est un sujet habituellement peu présent dans les campagnes [électorales] mais qui revient d'actualité avec François Fillon. Ce qu'il nous propose c'est une augmentation de la pauvreté et une difficulté d’accès aux soins. Avec Fillon on est dans l’inverse de la philosophie de la Sécurité Sociale. On va vers une médecine de plus en plus libérale avec une volonté de détruire la Sécu. C'est la revanche des libéraux et Fillon en est la figure de proue.

Ambroise Croizat

A votre avis que penserai Ambroise CROIZAT du climat social actuel ?

Ambroise Croizat a dit que « jamais nous n'accepterons qu'on touche à un cheveux de la Sécu. Nous nous battrons à en mourir pour sauver ce projet ». Vu ce que devient la sécurité sociale, avec de plus en plus de part au privée, c'est une catastrophe dans l'égalité de prise en soin. Je pense effectivement que ça doit le retourner dans sa tombe.

Salaire à vie, revenu de base. Qu'en pensez-vous ?

Ce que fait Bernard FRIOT [sur le salaire à vie], c'est pousser encore plus loin l'idée de la sécurité sociale, dans le sens où on pourra garantir le salaire. Le salaire à vie c'est l'idée de socialiser l'ensemble du salaire.

Moi, je trouve cela intéressant. Ça a un grand mérite, c'est qu'au lieu d'être dans la défense d'un modèle, lui est dans la proposition. Au moins ça nous fait gamberger, ça nous fait réfléchir à quelque chose de positif. Après quand ils ont fait la sécurité sociale personne n'y croyait. ils ont même eu du mal à recruter, ils pensaient que ça ne durerait qu'un an. En tout cas le salaire à vie, c'est une belle utopie, comme la Sécu à l’époque [1945]. Et ça fait du bien ça dans les discours, surtout ceux de gauche.

Après sur le revenu de base, Il y a un revenu de base universel de droite et un de gauche. C'est dangereux car ce serait soumis aux alternances politiques, ça a peut-être tendance à marginaliser une partie de la population, et à être dangereux pour certains travailleurs. Mon avis n'est pas tranché mais ce sont des débats intéressants.

Le film et l'actualité nous obligent à penser à comment on sauve la Sécu et comment on peut aller plus loin. Je trouve ça intéressant.

Ce film il est pensé aussi comme un outil, un outil politique, un outil d'éducation populaire. C'est outil de résistance qui montre un rapport de force positif.

D'ailleurs ça tombe bien, nous voulions vous poser la question : C'est quoi pour vous l'éducation populaire ?

Je n’ai pas de définition de l'éducation populaire [EP]. J'aime pas l'idée d'éduquer le peuple, comme si il n'était pas déjà éduqué. C'est une chance pour vous, comme pour moi, de faire un métier qui contribue à l'éducation populaire. En tout cas, l'EP a un grand rôle à jouer, faire de la pédagogie pour expliquer les concepts politiques et mettre une pierre à l'édifice.

En 2016, c'est une année où nous avons Merci Patron !, Comme des lions, et votre film La Sociale. Pensez-vous qu'il y a un renouveau du cinéma documentaire militant qui fonctionne et qui font écho ?

Oui il y un gros intérêt pour le sujet. Après moi j'ai voulu faire un vrai film de cinéma. Je crois que les gens veulent voir des choses nouvelles. Merci Patron a un côté drôle. Les gens sont en attente de belles histoires qui finissent bien, avec un côté optimisme. C'est autre chose que les films de gauches chiants. On vous prend pas par la main pour penser. Il y a volonté de réimplanter du climat politique, de redonner du courage et de la volonté. Ca reste des succès relatifs, nous, on va sans doute faire 100 000 entrées, alors que pour ce genre de films, habituellement c'est 15 000 entrées, mais il y a 60 millions de citoyens en France.

Par Molluscum, Clément et Matthieu

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